Où vivre ? … à proximité de la « nature »

Mai 30, 2025 | Data, Naturalité, nature

 

Le rythme effréné du quotidien, le bruit permanent, la pollution… Selon une enquête de Paris, je te quitte réalisée en 2024, 71 % des Franciliens envisagent de se rapprocher de la nature. Cette tendance est confirmée par l’Observatoire des ancrages et arbitrages sur les lieux de vie de l’OBSOCO (2022), pour qui le « contact avec la nature » motive le désir de changer de lieu de vie chez 84 % des répondants.

Certaines enquêtes montrent des chiffres plus « timides » (ici : 34% souhaitent s’installer dans un lieu avec plus de « verdure »🤔), tandis que l’INSEE nous apprend que, contre toute attente, 60% des parisiens ont accès à un « espace vert » à moins de 300m, contre 49% hors Paris !

Ce contexte montre que, si la nature semble être un besoin théorique important, elle est souvent reléguée derrière d’autres critères plus matériels comme l’emploi, les services, l’éducation ou la culture. Il montre aussi que la notion de nature peut être dévoyée ou instrumentalisée à des fins de marketing territorial ou immobilier.

Chez Où Vivre, nous avons regroupé ou développé plusieurs critères pour répondre à ceux qui considèrent cette notion comme majeure :

Dans cet article, nous vous proposons d’analyser deux approches complémentaires pour mieux appréhender, dans un cadre de stratégie résidentielle, ce que peut réellement signifier « vivre près de la nature » :

📜 D’un côté, la nature encadréepar l’administration, comme les parcs nationaux, les réserves naturelles ou les zones protégées.

🔍 De l’autre, une approche plus scientifique et globale, fondée sur la notion de naturalité, qui mesure la présence de nature sous différentes formes, même en dehors des espaces protégés.

🤝 Une 3eme voie, que nous rendons possible avec l’outil, et qui consiste à croiser les 2 approches!

 

 

📜 Approche 1 : la « nature administrée » : eldorado écologique ou casse-tête administratif ?

S’installer dans ou à proximité d’une aire naturelle protégée peut faire rêver. Pour le grand public, ces lieux évoquent des paysages préservés, de l’air pur, du calme… Mais la réalité est un peu plus complexe.

Les aires naturelles protégées ont des statuts très différents que l’on peut répartir suivant leur type de protection, leur superficie et leur habitabilité :

 

 

Les aires naturelles protégées de l’hexagone

 

Toutefois, ce cadre, aussi idyllique soit-il dans sa communication, vient aussi avec son lot de contraintes…

Dans ces zones, l’urbanisme est très encadré. Construire une maison, rénover un bâtiment ou même simplement installer une clôture peut nécessiter de recourir à des autorisations spécifiques. De même, certaines activités comme la chasse, la pêche ou la cueillette de champignons peuvent être strictement réglementées.

D’un point de vue immobilier, les prix peuvent s’envoler, surtout si l’aire protégée est proche d’une grande ville comme c’est par exemple le cas autour du parc naturel de la Haute Vallée de Chevreuse, à quelques kilomètres de la capitale.

 

 

Vivre dans ou près d’une aire naturelle protégée : quelles options, quels enjeux ?

Plusieurs choix de localisation sont possibles en fonction du type d’aire protégée, chacun avec ses avantages… et ses contraintes !

🏔 Vivre dans un Parc National (aire d’adhésion)

La France métropolitaine compte 8 Parcs Nationaux, reconnus pour leur patrimoine naturel exceptionnel. Ils comprennent une zone « cœur », strictement protégée et inhabitée ainsi qu’une aire d’adhésion, où les communes partenaires s’engagent à respecter une charte environnementale. Mais attention, vivre dans une commune adhérente exige une réglementation stricte, et l’afflux touristique peut peser sur la vie locale (majorité d’emplois saisonniers, la pression immobilière, etc.) . C’est ainsi le prix à payer pour bénéficier d’un cadre de vie sanctuarisé !

🌿 Vivre dans un Parc Naturel Régional

Les 51 Parcs Naturels Régionaux (PNR) répartis sur 16 % du territoire hexagonal accueillent environ 4 millions d’habitants. Ils visent avant tout à protéger et valoriser un cadre naturel tout en soutenant le développement économique local (agriculture, tourisme, artisanat…). La charte qui les encadre fixe, quant à elle, de grandes orientations qui sont prises en compte dans l’aménagement, mais cette fois avec plus de souplesse que dans les Parcs Nationaux. Y résider est en somme un bon compromis pour profiter d’un environnement préservé tout en conservant une certaine liberté d’aménagement.

🏡 Vivre à proximité d’une réserve naturelle, d’une ZNIEFF ou d’un site Natura 2000

D’autres types de zonages existent, comme les réserves naturelles, les sites Natura 2000 ou encore les ZNIEFF (Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique). Ces zones peuvent apporter une protection parfois moins visible, mais tout de même bien réelle. Elles garantissent la préservation des paysages et limitent certaines pressions (urbanisation, industries polluantes, etc.). Elles ne sont d’ailleurs pas sans tensions… en effet, ces dispositifs de gouvernance environnementaux peuvent entrer en conflit avec les usages locaux opposant souvent des interêts divergents (préservation écologique, pratiques agricoles, chasse, urbanisation, installations d’énergies renouvelables (éoliennes, bassines, etc.).

Avant de s’installer : bien s’informer ! Analyser les règles d’urbanisme locales (zonages, servitudes, prescriptions…) est indispensable pour éviter les mauvaises surprises. Et pourquoi pas s’impliquer dans la vie locale ? Car préserver la nature, c’est aussi participer à des choix collectifs.

 

 

⚡ Lorsque les protections ne suffisent pas…

On croit parfois qu’une étiquette de « protégé » suffit à préserver un territoire. Pourtant, sur le terrain, les compromis sont nombreux, et les conflits d’usages fréquents. Car la nature n’est pas seulement un paysage, c’est un espace vivant… et habité. Quelques exemples…

⚡À première vue, le Parc national des Calanques incarne l’image d’un joyau naturel protégé, entre criques sauvages et biodiversité marine remarquable. Pourtant, cette aire protégée emblématique du sud de la France est confrontée à une contradiction majeure : la persistance de pollutions industrielles en plein cœur de sa zone d’influence. En cause, les rejets en mer de boues rouges issus de l’usine Alteo de Gardanne, longtemps autorisés par dérogation préfectorale. Malgré son statut de parc national, les arbitrages ont parfois penché en faveur de l’économie locale au détriment de l’écosystème marin.

⚡Le réseau Natura 2000 couvre une large part du territoire français et européen. Sur le papier, il s’agit d’un outil essentiel de préservation de la biodiversité. Dans les faits, de nombreux sites désignés peinent à se traduire en protections concrètes. Le manque de moyens dédiés à la gestion, la méconnaissance des périmètres par les élus ou les habitants, et les faibles contraintes réglementaires conduisent parfois à des incohérences flagrantes. Ainsi, certaines zones Natura 2000 ont vu l’implantation de projets autoroutiers, de carrières ou d’installations agricoles intensives.

⚡À quelques kilomètres de Nantes, le lac de Grand-Lieu est l’une des plus vastes zones humides de France, classée réserve naturelle nationale. Pourtant, ce site à haute valeur écologique cristallise régulièrement les tensions entre différents usages: activités agricoles, régulation de la ressource en eau, pratiques de chasse ou de pêche, gestion touristique… Malgré la protection juridique, les conflits s’intensifient, notamment lors des sécheresses où chaque acteur cherche à défendre ses droits d’usage.

⚡Les Parcs naturels régionaux (PNR) sont souvent perçus comme un compromis vertueux entre nature et développement local. Pourtant, certains d’entre eux, à l’image du Luberon, voient leur mission de protection remise en question par une urbanisation croissante. Loin d’être figée, la « nature » y devient un décor attractif pour un tourisme de masse ou une population en quête de qualité de vie, ce qui accentue la pression foncière et la multiplication de lotissements diffus. Dans certains cas, les PNR risquent de devenir les vitrines d’un « greenwashing territorial », plus soucieux d’image que de sobriété.

 

 

🔍 Approche 2 : la nature « objectivée », entre existence scientifique et fragilité réglementaire.

Quand on pense à la nature, on imagine spontanément les grands parcs nationaux, les forêts profondes ou les sommets isolés. Pourtant, la réalité écologique d’un territoire est bien plus complexe.

C’est là qu’intervient la notion de naturalité, ou naturalness, développée par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Elle permet de mesurer dans quelle mesure un espace est préservé des impacts humains.

Grâce au projet CartNat, coordonné par Adrien Guetté et Jonathan Carruthers-Jones la naturalité a été cartographiée pour toute la France métropolitaine à l’aide d’un gradient précis, basé sur des données satellites croisées avec des observations de terrain.

Trois grands critères permettent d’évaluer ce niveau de naturalité :

1.  🧱 L’intégrité biophysique : Elle mesure à quel point un milieu a été transformé par l’homme en calculant l’écart entre l’état actuel du sol et son état « naturel » d’origine, à l’aide d’outils comme les classifications hémérobies (qui notent l’artificialisation des écosystèmes).

2. 🌱 La spontanéité des processus naturels : Un territoire est-il encore capable de « fonctionner » tout seul ? Ce critère évalue la liberté laissée aux dynamiques naturelles — comme la pousse des plantes, la migration des animaux, ou encore l’érosion — sans intervention humaine (urbanisation, drainage, agriculture, etc.).

3.  🌐 La continuité spatiale : Une forêt urbaine dans votre ville n’a pas la même valeur écologique qu’un vaste massif relié à d’autres espaces naturels. Ce critère prend en compte des zones naturelles, mais aussi leur capacité à former des réseaux écologiques continus, condition essentielle au bon fonctionnement des écosystèmes.

Plus un espace est libre de l’empreinte humaine, plus son score de naturalité est élevé. Et la « vraie » nature, celle où les écosystèmes s’expriment pleinement, ne se limite pas aux grandes forêts ou aux parcs protégés : elle peut aussi se nicher dans des lieux plus discrets, mais écologiquement précieux.

 

 

💡Pourquoi cet indicateur est utile ? et pour qui ?

L’indice de naturalité s’adresse dans un premier temps aux collectivités, aux services de l’État et aux chercheurs. C’est un outil précieux pour mieux planifier l’aménagement du territoire puisqu’il identifier des zones à protéger et qu’il vient en aider à l’élaboration de politiques environnementales plus éclairées.

Son intérêt ? Offrir une approche scientifique et objective de la naturalité, loin des simples impressions ou des discours parfois très « marketing ». Par exemple, le Marais Poitevin (façonné par l’homme), souvent perçu comme un havre de nature, obtient un score de naturalité relativement faible. En cause, une forte anthropisation des lieux, marquée par l’aménagement de digues, de canaux ou encore la présence de l’agriculture, couplée à cela une fragmentation des milieux naturels.

 

Carte CartNat France

Mais cet indicateur ne s’adresse pas qu’aux institutions ! Il peut aussi servir aux citoyens, aux porteurs de projets locaux, ou même aux futurs habitants en quête d’un cadre de vie plus proche de la nature !

💚 Vivre à proximité d’un espace à forte naturalité, c’est bien souvent synonyme de bien-être… mais aussi de résilience. Ces milieux riches en biodiversité jouent un rôle écologique essentiel face au changement climatique : ils régulent les températures, atténuent les effets des canicules, filtrent naturellement l’eau, stockent du carbone, et offrent des refuges pour le vivant dans un contexte de pression agricole et chimique croissante.

Mais lorsque ces espaces ne bénéficient d’aucune reconnaissance officielle — comme un classement en zone protégée — ils restent vulnérables. Urbanisation diffuse, pollutions diffuses, fragmentation des milieux ou destruction des habitats : autant de pressions qui menacent leur équilibre et, par ricochet, les services qu’ils rendent à l’ensemble du territoire.

Préserver et mieux connaître ces espaces, même en dehors des périmètres protégés, devient donc une priorité collective… et un critère stratégique pour qui cherche à s’ancrer dans un territoire résilient et vivant.

 

 

🤝Deux approches à combiner sur Où Vivre !

L’approche administrative, centrée sur les aires naturelles protégées, et l’approche scientifique, basée sur le gradient de naturalité potentielle, sont différentes mais complémentaires. Leur croisement offre une vision plus nuancée et plus complète des liens entre territoires et nature.

Sur la plateforme Où Vivre, vous pouvez vous-même superposer les couches pour vérifier si un espace naturel protégé administrativement (PNR, Natura 2000, …) est bien « naturel » selon cet indice !

Croiser les données réglementaires et écologiques permet d’objectiver les enjeux liés à la qualité du cadre de vie. C’est une approche indispensable pour une stratégie résidentielle éclairée, fondée sur des critères tangibles de résilience territoriale et de soutenabilité.

L’équipe Où Vivre

 

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